L’enfant des Rues est, au départ, une histoire que j’ai ramené d’un de mes voyages en Inde (période post baba, pré techno) et j’avais proposé le synopsis de ce scénario à la maison de productions Raspail et associés, qui m’en avait commandé le développement au sein d’un projet de série de téléfilms ayant pour point commun les femmes et l’humanitaire, avant de décider de le « sortir » de là, pour en faire un « unitaire ». Soit, donc un film de 90 minutes produit pour la télévision. Après une version du scénario, on m’a demandé de changer l’Inde pour l’Afrique, en deux coups de cuillère à pot (ben tiens, c’est pareil après tout), puis finalement, de revenir à mes premières idées et l’action se déroule bien finalement en Inde, même si le film a été tourné au Sri Lanka. C’est François Luciani (Les camarades, Le procès de Bobigny, L'homme qui venait d'ailleurs) qui l’a réalisé et Véronique Jannot qui en interprète le rôle principal.

L’humanité Dimanche - Gérard Raffort
Il faut tout le talent – qui n’est plus à démontrer – de François Luciani et celui du scénariste Laurent Bénégui pour faire de cette histoire, qui pourrait être un mièvre mélo, ce récit offensif partagé entre réalisme et générosité. Car elle ne se limite pas à disserter sur le destin psychologique d’une femme confrontée à la fracture entre deux mondes, mais cherche, tant dans la réalité « objective » que dans la contestation de cette réalité, à cerner les responsabilités d’un monde moderne qui permet encore qu’il existe un tiers et un quart-monde, sans oublier de mettre ce tiers-monde au pied du mur à travers le personnage de Rustom. Mais elle reste avant tout une histoire pleine d’émotion, dramatiquement serrée, qu’enrichit l’interprétation fragile de Véronique Jannot.

Télé 7 jours - G.A
Un sujet délicat : l’exploitation des enfants dans les pays en voie de développement. Une réalisation humaine. Un regard sensible et intelligent, avec pour décors la beauté comme la misère du Sri Lanka (lieu de tournage), et Véronique Jannot dans son rôle d’Occidentale battante se heurtant à Pierre Vaneck, personnage corrompu, et au fatalisme local qui reflète la triste réalité.